Biologie | Environnement

 

Nathalie Meuwly, 2002 | Aubonne, VD

 

En 65 années, notre consommation de plastique est passée de 1,5 à 322 millions de tonnes par an. Cela a un impact direct sur l’environnement car une grande partie n’est pas incinérée mais abandonnée dans la nature: c’est ce que l’on appelle le littering. Cette pratique a des conséquences économiques, socio-économiques et environnementales désastreuses. Pour remplacer en partie ces plastiques, il existe maintenant une alternative comme les bio-plastiques qui représentent une grande famille de matériaux pouvant être entièrement dégradés par des micro-organismes présents dans la nature. Nous pouvons trouver dans les commerces romands des sacs en bio-plastique compostables, mais se dégradent-ils dans l’environnement s’ils sont abandonnés? Peuvent-ils résoudre en partie les problèmes du littering? Ce travail a donc pour but de déterminer si les sacs BioApply -comme on le prétend- se dégradent en 8 semaines dans différentes conditions: dans l’eau, sous les UV et à température élevée.

Problématique

Chaque année, 5’000 milliards de sacs en plastique sont produits. Étant donné qu’ils sont très légers et à cause du littering, ces sacs se dispersent facilement dans la nature et vont impacter l’environnement en le polluant. Cependant, il existe une alternative comme les sacs en bio-plastique. Les bio-plastiques représentent une grande famille de matériaux pouvant être entièrement dégradés par des micro-organismes présents dans la nature. Les sacs en bio-plastique utilisés dans ce travail proviennent de l’entreprise BioApply; ils sont confectionnés à base d’amidon de maïs. Ces sacs sont certifiés par les labels OK Compost et OK Home Compost qui garantissent la dégradation complète en 8 semaines dans un compost de jardin. Le but de ce travail est de déterminer comment les sacs BioApply se dégradent pendant 8 semaines dans différentes conditions en l’absence de micro-organismes qu’on trouve dans les conditions idéales de compost: dans l’eau, sous les UV ou à température élevée.

Méthodologie

24 sacs ont été mis dans 4 conditions différentes. Pour la condition eau, les sacs sont introduits dans un bac rempli d’eau à température ambiante, à l’abri de la lumière. Pour la condition UV, les sacs sont mis dans une enceinte UV puis sont exposés aux UV 10 heures par jour. Pour la condition chaleur, les sacs sont entreposés dans une boîte à l’abri du soleil, dans une véranda. Pour la condition contrôle, les sacs sont entreposés à l’abri de la lumière, à température ambiante. Chaque semaine pendant 8 semaines, 3 sacs sont sortis de chaque condition, ils sont pesés et leur résistance est mesurée à un poids de 3 kg. Après avoir constaté peu de changement sur l’état des sacs des 3 conditions, une deuxième expérience a été faite. Les mêmes sacs ont été mis par groupe de 3 dans 3 autres conditions: dans de l’eau stagnante d’une fontaine, dans un compost de jardin et suspendus à une barrière de jardin. Trois sacs de la condition eau de la première expérience ont été laissés dans l’eau en tout 15 semaines. Après 8 semaines, les sacs des 4 conditions ont subi les mêmes tests effectués précédemment.

Résultats

À la fin des 8 semaines, pour la première expérience, aucun changement de masse n’a été observé sauf pour les sacs en condition eau, où la masse a diminué entre la semaine 0 et la semaine 1, puis est restée constante. Pour le test de résistance, l’étirement des sacs diminue au fil des semaines sauf de nouveau pour les sacs en condition eau, qui se sont moins étirés que les autres au début de l’expérience, et cela reste constant. Pour les sacs de la deuxième expérience, dans chaque condition, au moins un sac s’est cassé lors du test de résistance.

Discussion

En ce qui concerne la première expérience, nous pouvons déduire qu’aucun sac ne s’est dégradé en 8 semaines car tous pouvaient encore être utilisés. Pour les sacs de la deuxième expérience, nous pouvons dire que tous se sont dégradés. Cela est sûrement dû à la présence de micro-organismes.

Conclusions

Pour conclure, nous pouvons dire que les sacs BioApply ne se dégradent pas suivant les conditions auxquelles ils sont exposés. Il est donc important de les jeter dans une poubelle ou un compost afin qu’ils n’impactent pas l’environnement. Même si leur fabrication est plus respectueuse de la nature, cela ne signifie pas qu’ils peuvent être abandonnés dans l’environnement sans aucune conséquence. Il serait intéressant de continuer les recherches afin de développer une alternative au plastique et bio-plastique qui serait considérée comme ressource en fin de vie, au lieu d’être considérée comme déchet.

 

 

Appréciation de l’expert

Dr. Lucas Montero

Dans ce travail, la candidate démontre un grand intérêt pour une problématique très actuelle qui est l’accumulation de déchets plastiques dans l’environnement, décrit clairement le contexte du sujet de recherche dans une introduction très complète, fait preuve d’esprit critique dans l’approche de la question scientifique et l’analyse de résultats, et arrive à communiquer d’une façon claire et concise. La candidate conclut son travail avec une recommandation très pertinente: Les sacs en bioplastique pour compost ne doivent pas être jetés dans la nature car ils ne se dégradent pas facilement.

Mention:

excellent

Prix spécial Aqua Viva

 

Gymnase de Morges, Morges

 

Erratum

BioApply nous a aimablement fait remarquer que les déclarations faites dans ce travail annonçant que les labels OK Compost et OK Home Compost «garantissent la dégradation complète en 8 semaines dans un compost de jardin» sont erronées. Lorsque ce travail fut réalisé, BioApply ne déclarait pas que les sacs dont il est ici question se dégradaient en 8 semaines dans les conditions spécifiques de l’étude ci-présente, mais que «un produit certifié avec le label OK Compost est garanti d’être compostable dans les exploitations de compostage industrielles» et que, dans ces conditions, «le produit sera bio-assimilé dans les 8 semaines».  Par ailleurs, les sacs BioApply sont aussi certifiés avec le label TÜV OK HOME Compost, qui garanti qu’ils sont compostables dans le compost de jardin (tous les composants, encres et additifs). Ici, le temps ne sera pas un critère, l’essentiel étant que le produit n’émette pas de toxicité pour le sol. Nous rappelons par ailleurs que ce travail n’a pas pour but de remettre en question la qualité des sacs produits par la société BioApply. Plutôt, cette étude représente un exercice permettant à l’auteure d’apprendre à planifier, mettre en œuvre et évaluer une expérience scientifique. Les conditions auxquelles les sacs ont été soumis diffèrent de celles en vigueur pour les labels obtenus par ce produit. Les résultats et conclusions présentées ici se limitent donc au strict cadre de cette étude. La qualité de la démarche entreprise par l’auteure du travail, tout comme la valeur de l’évaluation fournie par l’expert n’en sont en rien diminuées.