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Marie Libal, 2003 | Savigny, VD

 

Ma recherche a pour objectif de penser les odeurs comme les Anciens, c’est-à-dire d’analyser des textes et des sources afin de comprendre leur manière d’envisager les odeurs, tant sur le plan scientifique que symbolique.

Problématique

Les odeurs sont un thème vaste tout comme la période antique. Afin de synthétiser au mieux ce sujet, j’ai orienté ma recherche en quatre axes principaux. Dans un premier temps, je me suis intéressée aux lexiques grec et latin, puis au thème des odeurs artificielles incarnées par les parfums. Ensuite, pour bien comprendre les rapports aux senteurs, j’ai étudié les odeurs dans leur contexte à savoir l’environnement, pour finalement aborder l’anthropologie des odeurs.

Méthodologie

J’ai réalisé cette enquête grâce à la méthode de l’historien, à savoir que j’ai eu recours à des sources, soit des éléments issus de l’époque étudiées, ainsi qu’à de la littérature secondaire en étudiant des documents produits par des historiens. Divers obstacles sont à signaler : d’une part les Anciens ne s’intéressaient que très peu aux odeurs et ont donc peu écrit sur ce sujet, sinon comme complément à d’autre thèses ou histoires, ce qui est d’ailleurs également le cas pour les historiens modernes. La littérature secondaire fut en conséquence elle aussi restreinte puisque les odeurs ne sont devenues que récemment un objet de recherche.

Résultats

Voici une synthèse des résultats trouvés à chaque axe. Pour ce qui est du lexique, il faut savoir qu’en grec, les termes sont précis et fréquemment utilisés ; certains termes comme euôdia, désignant la bonne odeur, sont réservés aux dieux par exemple. En latin, les termes qui désignent les mauvaises odeurs se rattachent à la médecine hippocratique et plus précisément au dysfonctionnement du corps. Les bonnes odeurs en revanche expriment la manière dont elles sont produites. Ce qui m’amène à la question suivante : les parfums. Il en ressort que les fragrances sont des renseignements sur le statut social, le sexe, l’âge et les desseins d’une personne. Il fallait donc se parfumer avec précaution. Concernant l’environnement, il n’était de loin pas aussi propre qu’on pourrait l’imaginer malgré la culture des bains thermaux. D’un point de vue anthropologique, tout était régi par l’échelle de perfection avec au sommet les dieux/déesses qui dégagent l’euôdia, au centre, les humains qui n’ont pas d’odeur fixe et en dessous les animaux qui sentent mauvais.

Discussion

La problématique ne proposait pas d’hypothèses particulières, il n’y a donc pas eu de confirmation/réfutation. En revanche, les questions ont toutes abouti à plusieurs éléments de réponses qui ont eux-mêmes étendu le champ des questions. C’est pourquoi, la recherche pourrait être élargie afin d’englober d’autres thématiques comme la médecine ou la science. Les documents utilisés sont tous issus de milieux universitaires ou académiques et c’est pourquoi je les ai utilisés en toute confiance. A préciser qu’en comparaison avec les sources anciennes, les textes modernes tendent à être plus objectifs.

Conclusions

Le but de cette recherche était de comprendre de manière général la relation qu’entretenaient les anciens avec les odeurs. De manière synthétique, on peut en conclure que les odeurs, non seulement, influençaient le quotidien des Anciens dans leur façon de penser, d’interagir, de ressentir et de faire, mais qu’elles représentaient plus qu’une simple sensation. Les odeurs étaient et sont « un monde de signification » . C’est un travail qui aborde de nombreux thèmes en lien avec l’olfaction en peu de pages et c’est pourquoi le sujet pourrait être d’avantage étendu et approfondi. L’iconographie et les analyses de fouilles archéologiques (ex : résidus d’un aryballe) auraient pu avoir une place plus importante.

 

 

Appréciation de l’experte

Dr. Elodie Paillard

L’auteure de ce travail a su fournir une réflexion novatrice et minutieuse sur un thème encore peu étudié. Son travail sur les sources anciennes, aussi bien écrites qu’appartenant à la culture matérielle, est remarquable et son utilisation de la littérature secondaire fait preuve d’une grande maturité scientifique. Son approche théorique réaliste à propos de ce qu’il est possible de reconstruire, ou non, des périodes historiques anciennes est également convaincante. La réflexion proposée sur l’utilité de la connaissance du passé pour appréhender le monde moderne est importante.

Mention:

très bien

 

 

 

Gymnase de la Cité, Lausanne
Enseignante: Lorraine Pidoux