Histoire | Géographie | Économie | Société

 

Caroline Genoud, 2000 | Grand-Lancy, GE

 

La catégorisation binaire entre femmes et hommes ne provient pas d’une réalité biologique indéniable et elles n’est pas indispensable. De nombreuses chercheuses, philosophes, sociologues ou encore écrivaines remplacent cette essentialisation des catégories homme-femme par une explication constructiviste. À chacune de ces deux catégories sont associés des critères qui deviennent des normes dominantes. On y voit donc une hiérarchisation qui crée une classe dominante et une classe dominée. En Suisse, nous sommes toutes et tous victimes de ces normes oppressives, mais les femmes* sont les premières concernées. Ce travail vise à comprendre les enjeux de cette catégorisation binaire et met en lumière ses conséquences sur les jeunes filles* en Suisse, principalement vis-à-vis de leur corps et de son instrumentalisation dans trois domaines : la sexualité, les règles et l’image du corps féminin.

Problématique

Comment est construite la binarité des genres et des sexes et quels sont ses impacts dans la vie quotidienne d’une jeune femme* vivant en Suisse ?

Méthodologie

Cette recherche qualitative est basée sur quatre entretiens avec des jeunes femmes résidant en Suisse. Ces entretiens sont complétés par une récolte d’information réalisée auprès de 57 personnes à propos de la représentation des notions de femme et d’homme. J’ai interprété ces données à l’aide d’un important corpus documentaire comprenant quatre livres, une dizaine d’articles scientifiques et une quinzaine de vidéos, podcasts et articles journalistiques sur le féminisme et le genre. Je me suis également aidée d’articles de vulgarisation scientifiques, ainsi que des encyclopédies et diverses autres ressources secondaires afin d’illustrer mes propos.

Résultats

Mes recherches et mes entretiens ont mis en avant trois domaines dans lesquels la bi-catégorisation est particulièrement source d’oppression. J’ai pu constater qu’il est pour beaucoup de jeunes filles, notamment les quatre personnes interrogées, difficile de s’épanouir dans sa sexualité. Le plaisir clitoridien fait peu partie de l’éducation sexuelle des jeunes et de nombreuses femmes connaissent mal leur propre corps. Pour les règles, ce n’est pas un sujet tabou pour tout le monde. Cependant, en y regardant de plus près, le stigma autour des règles restent présent en permanence et il y a très peu d’adaptation à ce que vivent les personnes concernées: la fatigue, les douleurs et autres difficultés ne sont que très rarement prises en compte et l’accès aux soins et protections hygiéniques est inégalitaire. Les oppressions dont les femmes sont victimes se traduisent également par une emprise sur leur corps. Les normes dominantes sont des injonctions à se conformer à un idéal, et les comportements sont construits selon un schéma de rapport de force. Ce conditionnement et cette instrumentalisation du corps des femmes* sont issues de la classification binaire et hiérarchique.

Discussion

Au terme de ce travail, je peux donner une explication de la construction de la binarité dans notre société par diverses théories. J’ai découvert que la recherche à ce sujet va bien au-delà de la représentation populaire de ce qu’est le genre. J’ai également pu confirmer que cette binarité est source d’oppression, en me concentrant sur les jeunes femmes* vivant en Suisse. Le rapport de force est constant, il peut donc se ressentir au quotidien pour ces personnes concernées. Malgré le fait que ce sujet nous concerne directement, trop rares sont les initiatives qui visent à sensibiliser les jeunes aux discriminations de genre. Il aurait été pertinent d’approfondir chaque thématique abordée en y abordant différentes clés pour s’émanciper des oppressions.

Conclusions

Ce travail démontre que les genres et les sexes sont des concepts construits sous un modèle hiérarchique. Cette bi-catégorisation a de nombreux impacts sur les jeunes femmes* et, malgré l’avancée constante du féminisme, de nombreuses oppressions restent intégrées et sont considérées comme normales. Il est également ressorti que même en conscientisant les rapports de force, il est très difficile de s’en détacher, car cela remet en cause tout un système et une organisation sociale.

 

 

Appréciation de l’experte

Taline Garibian

Ce travail aborde de manière novatrice la question de la bi-catégorisation sexuelle et ses conséquences sur les jeunes femmes en Suisse. L’analyse repose sur des entretiens ainsi qu’un questionnaire, et s’inscrit pleinement dans une démarche de sociologie qualitative. Elle s’appuie également sur un important corpus documentaire et propose une réflexion critique des savoirs bio-médicaux. Le travail démontre un usage rigoureux des concepts utilisés en études genre et permet de détailler de façon pertinente les conséquences de la binarité et les oppressions qui en découlent.

Mention:

très bien

 

 

 

Collège et Ecole de commerce de Staël, Carouge
Enseignante: Kimberly Frohreich