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Inès Wallart, 2002 | Bern, BE

 

Ce travail se penche sur la question du shadow banking et se concentre sur trois aspects du problème: sa définition, son importance et ses risques. Tout d’abord, je présente une définition claire pouvant être utilisée au niveau international. Ensuite, le travail fait le lien entre le shadow banking et la situation en Suisse. La question de son importance en Suisse est notamment évoquée, et le système financier suisse est comparé avec diverses économies, en se concentrant sur l’intermédiation financière non-bancaire. Finalement, le sujet est analysé avec une approche par risques. Le shadow banking, qui pose un risque de nature systémique, doit pouvoir être calculé. C’est dans ce but que je propose une méthodologie permettant d’évaluer le risque des entités faisant partie de ce système.

Problématique

Mon objectif était tout d’abord d’expliquer et définir ce sujet aux contours flous, afin qu’il soit plus compréhensible pour le lecteur. Ensuite, il s’agissait d’apporter dans ce travail de nouvelles informations que j’ai pu obtenir dans le cadre de mes entretiens. En effet, les informations sur le shadow banking en Suisse sont souvent rares ou peu accessibles au public. C’est pourtant dommage, car elles permettent d’appréhender le sujet d’une manière plus pratique. En effet, définir le shadow banking n’est qu’un premier pas, il faut ensuite pouvoir, sur la base de cette définition, différencier les entités qui sont risquées et celles qui le sont moins. C’est la question du risque qui est le dernier objectif du travail.

Méthodologie

Pour écrire ce travail, je me suis basée sur le rapport annuel du Conseil de Stabilité Financière, le Global Monitoring Report on Non-Bank Financial Intermediation. Ce document explique comment le shadow banking est mesuré et défini. Cette définition est aussi reconnue au niveau international. D’autre part, j’ai réalisé des entretiens avec trois économistes alémaniques. Deux d’entre eux font partie d’un groupe d’experts non bancaire, qui est chargé de contribuer aux rapports du FSB. Finalement, j’ai élaboré une méthodologie permettant d’évaluer le risque d’une entité du shadow banking (voir ci-dessous).

Résultats

La définition du shadow banking que je retiens est celle utilisée par le Conseil de Stabilité Financière, constituée de deux étapes. Tout d’abord, l’intermédiation financière non bancaire est mesurée, ce qui comprend les assurances, les fonds de pension, les auxiliaires financiers et les autres intermédiaires financiers. Cette mesure générale est ensuite restreinte aux entités présentant des risques pour la stabilité financière et faisant de l’intermédiation de crédit. Concernant l’importance du shadow banking en Suisse, j’arrive à la conclusion que le shadow banking suisse est surestimé pour deux raisons: la difficulté de catégoriser les fonds et le peu de données sur les risques, et la présence de sociétés holding et sociétés financières en Suisse, qui sont comptabilisées mais ne sont pas particulièrement risquées (unallocated shadow banking). Afin d’évaluer le risque systémique, j’ai élaboré une méthodologie utilisant les indicateurs suivants: les actifs de crédit, qui permettent de mesurer la taille des services financiers; l’exposition et l’utilisation d’un financement extérieur, ce qui permet de calculer l’interconnectivité entre deux entités; l’effet de levier, la transformation de maturité et d’autres indicateurs permettant d’évaluer la vulnérabilité d’une entité.

Discussion

Ce travail montre que le shadow banking possède des avantages tout comme des inconvénients: ce canal alternatif partiellement opaque forme certes des canaux de transmission des risques, mais il offre aussi une autre possibilité de financement pour les acteurs et est moins soumis aux régulations strictes des banques. Un des ses grands avantages est l’apport d’une diversification notable dans le système financier.

Conclusions

En appliquant la définition proposée par le Conseil de Stabilité Financière au cas de la Suisse, on arrive à la conclusion que la taille et les risques du shadow banking suisse ne sont pas particulièrement élevés, comme l’ont montré mes entretiens. Malgré tout, il ne faut pas oublier que divers liens existent entre les secteurs financiers des différents pays. Pour finir, il est indispensable d’avoir des données adéquates, afin d’établir une méthodologie adaptée au secteur qui permette de le surveiller.

 

 

Appréciation de l’expert

MR Samuel Bendahan

Le travail explique, analyse et critique un aspect des systèmes bancaires qui est particulièrement complexe et sur lequel il existe peu d’informations disponibles. En plus de présenter les raisons d’existence et les dangers liés au « Shadow Banking », le travail propose une méthodologie basée sur l’analyse des risques pour évaluer l’impact de cette part de l’activité financière difficile à comprendre et à appréhender. Le thème est original, le travail bénéficie d’une exposition rigoureuse de l’état de l’art et démontre d’une très haute compréhension des mécanismes financiers étudiés.

Mention:

excellent

 

 

 

Seeland Gymnasium Biel, Biel/Bienne
Enseignant: Frank Bassi